Delle-Belfort
Réouverture de la ligne Bienne-Delémont-Delle-Belfort, quand et comment?
La gare de Delle a été rouverte fin août 2016 rétablissant ainsi la liaison transfrontalière, alors que du côté français les travaux de construction de la nouvelle ligne ferroviaire entre Delle et Belfort sont menés tambour battant. Une visite du chantier, début décembre, montre que les délais sont respectés : nouveaux ponts sur les cours d’eau, pont routier entre Bourogne et Charmois, aménagement du site de la gare de Delle, infrastructures destinées à recevoir ballast et voies, nouveaux quais et aménagement des passages à niveaux sont réalisés ou en cours de finition. Pour que la ligne soit mise en service en décembre 2017, d’importants travaux sont encore au programme : pose des rails, électrification de la ligne, pose des équipements ferroviaires, construction des haltes et des voiries, installation des équipements techniques de signalisation et de sécurité. Selon nous les délais pourront être tenus, bien que, selon la Présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Madame Marie-Guite Dufay : « une année pour tout terminer c’est un petit peu court. Mais à fin 2018 sûr, la ligne sera en service » (QJ du 6.12.16). On attend depuis 2012, alors il serait appréciable que la Présidente de région Bourgogne-Franche-Comté montre une réelle volonté d’y arriver encore cette année !
Par ailleurs, une déclaration d’intention fixant les modalités d’exploitation de la ligne a été signée par le ministre jurassien des transports, David Eray, la présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté et Pierre-André Meyrat, directeur suppléant de l’Office fédérale des transports, le 5 décembre dernier en présence de la Conseillère fédérale Doris Leuthard. Il est prévu que sur les 16 trains quotidiens, aller-retour, assurant la liaison entre Bienne et Delle, seuls dix d’entre-eux continueront jusqu’à la gare TGV. Et dire qu’en faisant 7.2 km de plus ils arriveraient jusqu’à Belfort ville ! Et pour faire ces quelques kilomètres, dix allers-retours sont prévus entre la gare de Belfort ville et la gare TGV. Cette navette qui mobilise du matériel et du personnel, à combien revient-elle exactement ? L’ensemble du dispositif sera complété par 6 allers-retours entre Belfort ville et Delle, sans possibilité de continuer vers la Suisse. Pour complexifier et augmenter les coûts d’exploitation de la ligne on ne ferait pas mieux, alors que l’enveloppe prévue pour les coûts d’exploitation a été arbitrairement fixée par le Conseil régional à 3 millions d’euros à la charge de la Région, le reste, soit 1.4 millions d’euros étant à la charge de la Confédération.
Il est faux de prétendre que pour la Suisse c’est surtout le raccordement au TGV qui est visé. En mettant 16 trains quotidiens entre Bienne et Delle, c’est bien le trafic régional que les Suisses veulent favoriser. Pour la Région Bourgogne-Franche-Comté, s’opposer à l’arrivée des RE en provenance de Bienne en gare de Belfort ville, c’est refuser que les suisse assurent la desserte locale sur toute la ligne. Alors, prétendre que le schéma d’exploitation proposé vise en priorité une « desserte locale efficiente » c’est se moquer du monde, ou alors ce serait un « fait alternatif » en vogue outre-atlantique actuellement. C’est en tous cas une mesure visant à décourager les usagers des transports publics de prendre ce train.
Pour mémoire, en octobre 2015 nous rapportions dans ce même magazine, que la raison évoquée était que limiter les RE en provenance de Bienne à la gare TGV permettait d'éviter la présence de trains suisses « en gare de Belfort quasiment sous les fenêtres de l'Alstom » ! Malgré cette déclaration d’allégeance, en septembre 2016, Alstom annonçait le déménagement de son usine de Belfort vers Reichshoffen dans le Bas-Rhin! Bon, tout cela ne semble pas très sérieux, Alstom construit des TGV, alors que Stalder, le constructeur suisse, construit les rames Flirt, ils ne sont pas sur le même marché. L’ATE Jura fera tout ce qui est en son pouvoir pour que ces rames Flirt de Stalder circulent jusqu’à Belfort ville sous les fenêtres de… mais où est passé Alstom ? Ah oui, en Alsace.